occultureberlin

OCCULTURE est un rassemblement autour des spiritualités alternatives, composé de trois jours et trois nuits de conférences, d'ateliers, de rituels et de divinations pour les praticiens, les chercheurs et toute personne intéressée par la recherche critique et ouverte de l'illumination et l'exploration des mystères ésotériques. 

J’ai eu l’honneur de participer à la 2ème édition d’OCCULTURE, qui s’est déroulée à Berlin du 31 octobre au 3 novembre 2019, et de donner une conférence nommée « Satan : Instrument of Liberty. History and evolution of Satanism », qui présente l’Histoire de Satan et le satanisme comme exposés sur les pages de La Voix de Satan. De l’an 800 avant l’ère actuelle jusqu’à nos jours, en passant par les principaux courants et acteurs qui ont marqué le phénomène. 

Je pense que le but du rassemblement est de montrer que l'occultisme n'est pas seulement présent dans les vieux livres, mais qu'il est bien vivant ; comme le satanisme l'est. Non pas pour brûler les églises et sacrifier les nouveau-nés, mais pour promouvoir la création et l'amélioration de soi. Peu importent les croyances personnelles spécifiques, l'occultisme et la culture alternative ont plus à donner à l'humanité que la culture dominante (Mainstream Culture).

J’ai pu aussi vivre pleinement l'événement et je vais ici vous conter cette expérience riche en inspiration et en mysticisme.

NUIT 1

Comme pour beaucoup de participants, mon point de chute est GENERATOR, une auberge située à 10 minutes à pied du club Anomalie, le lieu d’accueil d’OCCULTURE. J’arrive à la salle peu après l’ouverture des portes et suis accueilli à l’entrée par les principaux organisateurs Dax et Giorgia. Le lieu est grand et je le découvrirai progressivement dans les jours qui suivent. En attendant, direction la Salle des Ateliers où se tiendra le « Rituel d’Ouverture » conduit par Kazim, magicien et artiste pluridisciplinaire, basé actuellement à Montpellier. Le rituel est annoncé comme « Dark Shaman, un voyage chamanique interactif qui manifeste trois années d'exploration magique à travers les royaumes sombres de la psyché ». Après quelques galères techniques et du retard d’organisation, j’entends certains râler : « Vous croyez que Crowley avait des problèmes techniques à ses rituels ? ». Mais tout rentre rapidement dans l’ordre et Kazim nous projette une démonstration de son animation flash interactive construite à partir de collages numériques. Cela me fait penser à certains jeux-énigmes du type « Point'n'click », un peu comme une version ultra occulte de Samorost, pour ceux qui connaissent. Une étrange entrée en matière, directement par les nouvelles technologies. Tout ça aurait mérité de multiples vidéoprojecteurs et un son surround pour une immersion complète.
Vous pouvez faire l’expérience chez vous sur http://dark-shaman.com/.

kazim

Le rituel qui suit est, lui, bien à l’ancienne. Nous sommes maintenant dans la Salle des Conférences, beaucoup plus grande, ornée d’un soleil de néons et de tout un jeu de lumières psychédéliques. Une spirale blanche est tracée sur le sol en béton, accompagnée de roses et de bougies blanches et rouges. Au milieu, un autel avec un encensoir, un bougeoir et une grande boîte blanche vide. Malheureusement la salle n'est pas sonorisée et la petite voix de la prêtresse, toute de vert vêtue, a du mal à se faire entendre. On comprend que c'est un hommage aux ancêtres qui ont vécu et bâti sur ces terres. La cérémonie est conduite par la Société Païenne Berlinoise (Paganes Leben Berlin), et commence par l'ouverture des quatre portes des quatre points cardinaux et la célébration des quatre éléments. La prêtresse est un peu stressée et dans la précipitation, invoque deux fois l'Est et l'Air, se rattrape in extremis avec le Nord, mais l'Ouest est complètement oublié. A la fin, ceux qui le souhaitent peuvent rendre hommage aux ancêtres et d’autres êtres chers disparus. Pour cela il faut prendre une bougie, l’allumer, suivre la spirale et la poser dans la boîte sur l’autel.

paganes

Ne souhaitant pas faire la queue avec la centaine de personnes présentes, je décide de voir ce qui se passe à l’extérieur et découvre le magnifique feu d’un gros brasier. Je me pose à côté et rencontre une femme russe qui m'offre une petite tête de cheval (horse) en pâte à modeler qu'elle a fabriquée. On échange sur le chamanisme sibérien, la consommation d'amanites tue-mouches et la musique. Tout ça dans le froid berlinois de 5°C, et quelques bonnes bières of course (of horse) ! S’ensuit le concert de Phurpa. Ou plutôt le rituel. Le soundcheck est un concert en soi et lorsque nous nous retrouvons plongés dans l'ambiance des jeux de lumières et la fumée qui sort de l'encensoir du starets, le véritable voyage commence. Environ deux heures et demie de chants diphoniques, de cornes tibétaines et autres instruments étranges qui nous transportent loin, dans une transe vibratoire... Les gens sont assis en tailleur par terre, les yeux fermés, en communion avec leurs dieux, déesses, entités et énergies.

phurpa
Après cette expérience puissante, je privilégie la compagnie russe autour du feu et je rate la suspension de « charlyne864 ». J'aperçois vaguement la performance one-man-show d'Oryelle Defenestrate-Bascule, mais de ce que je peux voir c'est un peu trop théâtral et gentil pour moi. Je préfère de loin ses peintures exposées ici, dans un style païen et romantique. Oryelle lui-même, barbiche de bouc et pieds nus, n'est pas sans rappeler un satyre vivant. Dans le Hall sont exposées les œuvres de beaucoup d’artistes.

christian_ermel

L’excellent Christian Ermel (ci-dessus), spécialisé dans les icônes, les intérieurs de temples et autels customisés, présente entre autres une énorme fresque de Baphomet de plus de 2 mètres de haut. Mais aussi l’art fractal, fantastique et psychédélique d’Emma Watkinson, les sigils de Hagen Von Tulen, les peintures de sang (pas menstruel) de la française Alison Flora, pour ne citer que ceux qui m’ont le plus marqué. Dans ce Hall on trouvera également des tatoueurs, des créateurs de sigils, des stands de vente d’encens, huiles essentielles, pierres, t-shirts… ainsi que le merch officiel d’OCCULTURE, dont La Voix de Satan et les peintures de MiaRaw. Et après 20h, y commencent les séances de divination et consultations, Tarot, pierres, pendules... 
Cette première soirée fut fort agréable, mais le froid est de plus en plus intense malgré le feu et il est temps pour moi de rentrer au GENERATOR !

JOUR 1, JOUR J

Pour des raisons de gueule de bois, je manque les conférences et workshops de la matinée. Je regrette celle d'Eudaimon sur l'Iboga (plante africaine psychotrope), mais j'aurai plus tard l'occasion de goûter son produit fort sympathique. En arrivant sur les lieux, je suis impressionné par la Salle des Conférences : l'installation est parfaite.

salle

salle

Lumière tamisée, musique ambiante, un petit canapé en cuir doré et un sablier avec du sable noir complètent les détails. A 14h30 la musique baisse et je démarre ma conférence « Satan, instrument of liberty. History and Evolution of Satanism ». Un résumé très condensé qui retranscrit l'essentiel de l'Histoire de Satan telle que publiée sur les pages de La Voix de Satan depuis le numéro 0. La conférence a aussi pour but de promouvoir l'AMSG et La Voix de Satan, et le résumé prend comme parti pris de mettre l'accent sur les formes positives du satanisme : Satan comme libérateur de la pensée, force créative et source d'inspiration.

Frater D
Les questions du public sont des plus classiques, vous les trouverez sur les pages de La Voix de Satan n°4.
Les trente minutes passent vite, j’ai droit aux applaudissements et je quitte la lumière des projecteurs.

Je fais ensuite une rencontre intéressante et importante : un membre du Temple of Set (voir LVDS n°2), venu spécialement pour ma conférence. En deux heures de dialogue j'ai pu obtenir d'importantes informations sur le Temple et l’Église de Satan, et mon respect envers le travail de Michael Aquino n’a fait que grandir. Pareil pour mon taux d’alcoolémie. Après notre conversation, l’homme disparaît mystérieusement et je ne le revois plus de l'événement…

lsd

Je m'assieds à côté d'une femme habillée en blouson noir avec de multiples inscriptions LSD, en tissu « vinyl hologramme ». Elle a la bonne volonté de partager avec moi un peu dudit produit, que j’ingère immédiatement. A ce moment un autre « sataniste » m'aborde : un proche de l'Ordo Templi Orientis (O.T.O.) et des Païens de Berlin, qui me révèle l'existence de certains groupes satanistes qui feraient des réunions dans un village fantôme en Alsace à la frontière Franco-Allemande. Au programme : service de sécurité, cérémonies théistes et sacrifices... pas de satanisme bon enfant ici. Pas de page web ou autres publicités non plus. Il m'explique également son système magique, le Yidam, un concept religieux de dévotion, une sorte de l’exploration de la conscience.

Il pratique l'invocation de forces tibétaines hyper maléfiques, des entités à trois têtes et corps mutilés. Avant qu'il ne puisse développer le côté pratique de ses manipulations, nous sommes interrompus par une allemande et la conversation bifurque dans cette langue que je ne maîtrise point. Ce que j'ai maîtrisé encore moins, c'est la consommation d'une grosse cigarette de cannabis qu'il partage avec moi. Je vais à une conférence, probablement de Daniel Pinchback et je m'endors lamentablement pour me réveiller peu longtemps après… sous l’effet du LSD. Je croise Kazim qui me fait goûter une capsule d'Iboga et puis une Italienne qui me paye des bières.

(pour écouter une courte interview avec ma personne et d'autre participants, cliquez ici)

 

  public

NUIT 2

J'arrive à me caler confortablement devant Common Eider King Eider et je profite de sa performance dark ambient, teintée de violon, qui me transporte dans des dimensions paisibles. Des plages désertes, des poneys qui courent sur le sable en humant l'odeur de la mer... le craquement du bois et des voix lointaines... S'ensuit « SINS, Invocation of Babalon » : Performance musicale mêlant dark ambient, indus et noise. Un homme, une femme et un tapis. Des micros qui transforment les voix en démons. Assez sympathique... Je passe mon tour pour les films. Les DJ sets commencent bien, mais ne se font pas assez convaincants par la suite. Je m'attendais à ce que toute la foule danse en transe jusqu'à la fin de la nuit, mais non, la musique électronique ne semble pas être la tasse de chaï de tout le monde. Idem pour moi, je préfère le feu dehors. Après une discussion plutôt décontractée avec un tarologue grec et un brésilien, je me retire au GENERATOR dans un état lamentable.

JOUR 2

Réveil difficile, matinée ratée. Après un bon repas, un gros bout de porc dans un petit bout de pain, je suis déterminé à participer à l’atelier de Hagen Von Tulen : « Comment faire en sorte que l'univers fasse ce que vous voulez - Magie du Chaos en pratique ». L’intitulé est prometteur et puis c’est mon premier workshop à OCCULTURE. Je m’attendais à ce qu’on dessine des sigils, mais le travail se fera sur le son et la voix. Nous sommes une cinquantaine et devons vibrer tous ensemble des formules magiques. Nous commençons par la visualisation et vibration de la mantra gnostique IAO et terminons par la répétition, de plus en plus vite et de plus en plus fort, de la formule crowleyenne « ZAZAS ZAZAS NASATANADA ZAZAS ». Selon la tradition, Adam est réputé avoir une fois ouvert les portes de l’Enfer avec ces mots. Nous ne sommes pas loin du même résultat… Une puissante expérience collective qui montre les capacités du son à transformer la réalité. 
J’enchaine avec Carl H Smith et Sarah Janes qui sont là pour nous parler de leurs visions de lumière suite à des saunas chaud/froid, l’impact des écrans et de la lumière artificielle sur la vie, des visions lumineuses suite à des expériences avec du DMT… Je reste sceptique sur le fond et le message de cette conférence. S’ensuit la « star » d’OCCULTURE 2019, Gary Lachman, ex-bassiste/compositeur du groupe Blondie et auteur prolifique dans le domaine de l’occultisme. Je suis sûr qu’il a des choses intéressantes à dire, mais il est là pour présenter son dernier livre Dark Star Rising : La magie et le pouvoir à l'ère de Trump, sorti en 2018. Le sujet ne m'intéresse pas du tout et je suis plutôt curieux de participer à l’atelier de Akal Anand Kaur, « Alchimie de platine : Cercle du Kundalini ». Dès mon entrée dans la Salle des Ateliers, je sens une mauvaise ambiance, un peu trop joyeuse à mon goût. La présentatrice Akal est habillée tout en blanc et nous demande d’enlever nos chaussures et de nous asseoir tous par terre… ça promet le mauvais yoga de hippie et je me dépêche de sortir avant qu’il ne soit trop tard ! Je retourne voir la fin de la conférence de Lachman, en pleine présentation de la « Meme Magic ». Oui, la magie de ces images et caricatures qui circulent sur internet, Pepe la grenouille et compagnie. 

NUIT 3

maya

(photo Jeanne Saint-Julien)

Je suis sauvé par le son de conques dans le couloir. Invités d’honneur, trois mexicains mayas se sont installés dans Le Temple, petite construction en bois à l'extérieur, et font un rituel tous les soirs pendant la pause dîner. Authentiques et sincères, habillés en cuir et peaux de bête, en peinture de guerre et avec la plume dans le nez, ils délivrent un rituel puissant. La musique est assurée par un des frères au tambour, didjeridoo, diverses cloches et sifflets, pendant que l’autre fait une danse enflammée autour du feu. La femme qui les accompagne nous enfume rituellement en expirant la fumée de sa pipe sur nos visages. Elle prend deux volontaires pour les amener dans Le Temple afin qu’ils meurent symboliquement pour renaître et rouvrir leurs « nouveaux yeux ». Pendant ce temps la musique continue, et tous ceux qui sont présents, s’ils le souhaitent, se font « purifier » par le chaman maya. J’attends qu’il ne reste quasiment personne pour le faire dans l’intimité, et me fais enfumer de la tête aux pieds avec de l’encens. Tout se termine par un cri guerrier ! Parfait !

abraxas
Je suis prêt pour le Rituel d’Abraxas qui suit dans la Salle des Conférences. Le public est en cercle autour d’un grand pentagramme tracé au sol. Au milieu de celui-ci se trouve un autel avec des gobelets de vin, de jus de fruit pour les non-buveurs, et un panier avec du pain coupé en tranches. Le rituel est conduit par Soror AuroRa, prêtresse consacrée de l'Église Catholique Gnostique, membre de longue date de l'O.T.O., et Claas Hoffmann alias Fürst Claas vom Mars (Figure notoire dans le milieu Thélémite depuis plus de 35 ans, auteur du fameux Abraxas-Kalendar. Il a également publié des ouvrages sur le Tarot de Toth et Le Livre de la Loi). Ce dernier nous explique que nous devons nous imaginer comme Abraxas, divinité guerrière à la tête de coq, au torse humain et aux jambes en serpents. Puis garder cette vision ou sensation de puissance qu’elle nous procure, pendant tout le rituel. La prêtresse Soror AuroRa commence par le Rituel Mineur de bannissement du Pentagramme, puis le prêtre, elle-même et trois autres personnes, tous habillés en blanc, déambulent sur les rayons du pentagramme. Ça commence à devenir embarrassant à partir du moment où l’on doit tous taper des mains et chanter « I am the flame. I am the magician. There is a splendour in my name. The end of the hiding. Abrahadabra ». Le ton est beaucoup trop joyeux, ça ne fonctionne pas pour moi, mais certains ont l’air de s’y plaire. On continue à chanter la même phrase, cette fois en tournant en cercle autour du pentagramme et toujours en tapant des mains. On ressemble à une secte de hippies, les gobelets sur la table au milieu me font penser à Jonestown et le Temple du Peuple. Va-t-on boire le vin empoisonné à la fin de ce rituel absurde ?! La prêtresse répète le Rituel Mineur de bannissement du Pentagramme pour conclure la « cérémonie », mais perd complètement sa voix, s’étouffe, commence à tousser et se sert un gros verre de vin pour faire passer le malaise ! On boit tous notre vin, mange notre petite tranche de pain et je sors me rafraîchir. 

earthdragons

earthdragons
Dehors, la compagnie Earth Dragons, des jongleurs de feu, terminent leur spectacle plutôt impressionnant techniquement, bien que peu mystique, malgré leurs cornes enflammées, les mangeuses de feu et autres bâtons et bolas plus ou moins classiques. Les deux groupes de musique qui suivent dans la Salle des Conférences ne présentent pas beaucoup d'intérêt, les DJ sets dans la Salle des Ateliers sont plutôt mous. J’ai l’impression que les organisateurs sont victimes du prix des billets, un peu trop chers pour des musiciens pas très connus. Ceux qui ont assisté aux conférences depuis 11 heures ne restent pas forcément jusqu’à 3 heures du matin et ceux qui préfèrent venir danser le soir n’ont pas forcément envie de payer 55 euros (le tarif du pass journée). Étant fortement alcoolisé je n’attends pas le set de Jeff23 de Spiral Tribe, et rentre à mon GENERATOR. Je me suis inscrit sur une liste pour assister à la Messe Gnostique à midi et j’ai envie d’être « frais »...

JOUR 3

Réveil à 11 heures… gueule de bois abominable. Mission : aller à la Messe Gnostique de l’O.T.O. Berlin programmée pour midi, uniquement sur inscription et limitée à cinquante personnes. Arrivée à 11h55, peu de personnes vivantes sur place, la Messe a 30 minutes de retard, qui se transforment en 50. Ça pue l’encens, j’en peux plus d'être dans cette atmosphère depuis trois jours… Pas grave, je rencontre une Bulgare qui attend aussi. Je la questionne sur les choses que j'ai ratées, il s'avère que le Kundalini workshop, duquel je m’étais échappé, n'était pas très poussé et basé uniquement sur la respiration… on échange un peu sur le Tarot qui est sa pratique occulte, puis sur les herbes médicinales et on va à la Messe.

messegnostique

messegnostique

Une trentaine de personnes répondent présent. Une gardienne surveille la porte et fait ensuite office de diacre (une sorte de Maître de Cérémonie). Nous recevons une brochure avec deux textes et les gestes que l’on doit répéter pendant le rituel. Nous sommes également instruits par la diacre qui nous montre les gestes et nous explique la procédure. La mise en scène et les décors sont corrects. Astarte Oasis, qui est un organisme agréé par l’O.T.O., a fait du bon travail. Le rituel commence, mais la salle est grande et on n'entend pas tout ce qui est dit. Je vous invite à vous renseigner sur le déroulement de la Messe Gnostique, telle qu'écrite par Aleister Crowley dans Liber XV en 1913. Pour faire court, la prêtresse finit entièrement nue sur l'autel et lèche la lance du prêtre, pendant qu'on essaye de suivre, tant bien que mal, le texte prononcé par la diacre. La quasi-totalité des participants n'ayant pas d'expérience avec ce rituel, nous avons du mal à anticiper à quel moment dire la phrase « So mote it be » ainsi que la rythmique des autres textes. A la fin c'est l'heure de recevoir la communion et de manger les hosties ou « cakes de lumière » devant la prêtresse en disant « There is no part of me that is not of the gods ». Comme on pouvait le dire dans nos langues respectives, j'ai un peu « satanisé » la phrase :) Globalement intéressant. La communion, le fait de circumambuler dans la salle et de manger l'hostie en regardant la prêtresse dans les yeux, étaient assez magiques. Malheureusement les gens étaient tous fatigués de la veille. Le bruit extérieur des discussions dans le couloir était très fort et perturbant… À refaire dans un cadre plus intimiste. Le tout a duré une bonne heure et demie et je manque les conférences du matin. Après un repas médiocre au Food Truck mexicain présent sur place, je vais voir ce que Brian Cotnoir a à dire sur l’Alchimie, la Tablette d'émeraude et l’art créatif. Comme dans la plupart des discours sur l’Alchimie, le côté concret n’est jamais clairement expliqué. Ceux qui se disent alchimistes ne peuvent jamais révéler le grand secret de la pierre philosophale… Il faut acheter le livre de Brian pour en savoir plus. Pratique ! Ayant déjà creusé le sujet j’ai une idée de ce dont il s’agit. L’auteur nous dit que l’art est comme l’Alchimie, à partir de rien, juste avec le travail et l’imagination on arrive à transformer la matière brute en quelque chose de noble. Comme le poète, le chanteur ou le danseur créent la beauté uniquement avec la voix et le corps. Comme le peintre qui transforme la peinture en belles visions. Ce qui m’a étonné dans son discours est que lui-même pratique des expériences « alchimiques » dans sa cuisine, par cela j’entends des expériences chimiques à l’ancienne avec des athanors et des métaux.
La conférence de Susan Wands sur l’évolution et la perception des couleurs et les symboles est très intéressante, de Pamela Colman Smith et son implication dans le projet Golden Dawn aux images du Tarot comme portes d'entrée pour interpréter des concepts universels. Très bonne oratrice, Mme Wands suit l'évolution des icônes populaires et reconnaissables d'une culture, dont les vibrations résonnent de façon unique pour chaque personne. Malheureusement notre subconscient est saturé d’images pour comprendre les subtilités et la puissance des symboles de l’époque « avant multimédia ».
Un autre workshop auquel je participe ensuite est celui de David Rankine : « Magie Sonore Kabbalistique avec l’alphabet Hébreu ». Malheureusement, pour quelqu’un qui doit conduire un travail sur la magie vocale, David ne maîtrise pas très bien l’art de parler. Plus de la moitié des gens quittent le workshop pendant l’introduction. Dommage, car le sujet est intéressant et ça incite à se renseigner sur comment les lettres de l’alphabet hébreu constituent les bases élémentaires de la construction de l'univers selon la Kabbale. Pendant l’atelier nous avons commencé par regarder une lettre, mémoriser sa forme, puis fermer les yeux et vibrer le son de la lettre tout en la visualisant dans notre esprit. Ensuite chacun de nous a eu une des 22 lettres de l’alphabet hébreu inscrite sur la paume de la main. Debout et en cercle, on devait vibrer à voix haute le son de nos lettres. Une bonne expérience, pas sans rappeler l’atelier de Chaos Magic de Hagen Von Tulen. Les mantras restent un outil magique universel.
S’ensuit une performance vraiment exceptionnelle : Samā‘ Dervish ou Derviche Tourneur. Accompagné d’un musicien dark ambient / noise / violon, Kareem Ghoniem nous présente une interprétation contemporaine de la danse giratoire sacrée des derviches tourneurs soufies. 

dervish
Émergeant de la fumée épaisse, un manteau noir s’élève du sol. Le danseur tourne d’abord lentement puis très rapidement, jusqu’à atteindre une forme de transe, durant laquelle il déploie les bras, la paume de la main droite dirigée vers le ciel dans le but de recueillir la grâce d’Allah, celle de la main gauche dirigée vers la terre pour l’y répandre. Quand il retourne son manteau noir qui représente l’enveloppe charnelle, c’est la résurrection. Le manteau est maintenant pourpre. Bras croisés sur la poitrine, mains sur les épaules, tout en girant sur lui-même, il tourne autour de la scène. Ce double tour représente la loi de l’univers, l’homme tourne autour de son centre, son cœur, et les astres gravitent autour du Soleil. Ce double symbolisme cosmique est le véritable sens du Samā‘ : toute la création tourne autour d’un centre. La danse est ainsi comme une prière, un dépassement de soi à l’union suprême avec Dieu. Il tournera autour de lui-même pendant 30 minutes. Sans s'arrêter. Une dense intense et subtile… Puis le derviche tombe soudainement au sol et disparaît dans la brume comme dans un tour de magie. Les applaudissements sont forts et longs, tout le monde est touché par la prouesse physique et mentale. 

davidlee
Je suis prêt pour assister au Rituel de Clôture qui se déroule à l’extérieur. Tout le monde est invité à participer autour du brasier. Les Maîtres de cérémonie sont Oryelle et le magicien du Chaos, membre des Illuminés de Thanatéros, David Lee. Le premier nous annonce qu’afin de mettre d’accord tous les participants venant d’univers différents de l’occultisme, le thème choisi est Baphomet. Symbole universel, réunissant le masculin et le féminin, le lumineux et l’obscur, les quatre éléments… Les chamanes mayas se sont joints au rituel, et ouvrent les festivités en sonnant leurs conques et percussions. Oryelle démarre l’introduction avec un hommage à Hermes Trismegistus, puis invoque Baphomet. David Lee entame une Messe de Baphomet improvisée, les mains dans le brasier, visage derrière les flammes et la fumée ; l’homme se transforme en figure démoniaque. Nous sommes tous en cercle et il tourne à l'intérieur, psalmodiant des clés énochiennes et des formules barbares. « Zazas Zazas Nasatanada Zazas ! Baphomet, Baaaaaphomet ! ». L’ambiance est extatique, tout le monde danse, chante, tape dans les mains, crie comme un animal, hurle « Baphomet ! ». Le plus puissant rituel de l’événement, l'énergie est immense. Difficile de s'arrêter, mais après de longs remerciements aux participants et organisateurs, il est temps de faire les derniers câlins d’au-revoir et de se dire à l’année prochaine. Je fume un peu de résine de cannabis avec un inconnu et je sors pour rejoindre le GENERATOR. Sous le mystique voile de brume épaisse, je me sens puissant et inspiré, prêt à transformer le monde à l’image de mes rêves. 

Frater D.

berlinbynight

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